jeudi 18 février 2010

Harley Davidson

"Je n'ai besoin de personne..." qu'elle chantait.

Personne... Pas d'hommes.
Elle n'avait pas tort. À quoi bon donc?

L'amour, ça se trouve partout, et surtout ailleurs.
Même sur ma boite de Cherrios il y a un gros coeur rouge.

Cherrios m'aime.
Je n'ai besoin de personne.
Des calins et de l'amour inconditionnel? La famille, les amis, les enfants.
Même mes clients m'aiment! Ils sont fidèles, m'appellent régulièrement, obéissent au doigt et à l'œil.
Je n'ai besoin de personne.

C'est tout de même chouette d'avoir quelqu'un qui prépare le souper, t'accompagne au ciné, te réchauffe la nuit, te masse le cou...
Ces petites attentions qui rendent la vie plus douce et le quotidien moins infernal.

Mais quand t'as besoin de personne, que tu cherches le silence et qu'il n'arrive pas... t'as pas envie d'un souper ni d'un massage.

T'as juste besoin d'un bol de Cherrios.
Et de personne.

mercredi 17 février 2010

Miss Tresses

J'ai une maîtresse.

Dans tous les petits détours que je vous annonçais, il y a une maîtresse. C'est avec elle que je me sens le mieux d'ailleurs. Celle qui mets tout son temps pour se préparer, parce que (enfin) personne ne la presse.
Elle se consacre délicatement à son rituel de séduction, sur un fond de musique. Tantôt Sinatra, puis Bossa Nova, ou le dernier Lhasa.
Un verre de rouge à portée de la main, pour se détendre du quotidien.
Elle enfile ses bas, qui ne serviront qu'une fois.
Elle a enveloppé sa poitrine de dentelle fleurie, et porte le string assorti.
Jarrettelles, escarpins et sac à main. Chacunes de ses boucles sont soigneusement placées, elle choisi Arden ou Chanel pour parfumer sa nuque.
Il craquera, c'est sûr.
Elle a appliqué ses ombres à paupières, pour qu'il plonge dans ses yeux, encorcellé.
Elle voudrait être la seule, l'unique. Celle qui éclipse toutes les autres, Dieu sait qu'il y en a eu. Grandes, souples, bi, vieilles, plantureuses...
Elles sont passées et repassées, dessus et dessous et que sais-je encore.
Elle voudrait être celle qu'il ne pourra comparer, puisqu'il aura tout oublié. Surtout, il aura oublié toutes celles qu'il a fait rire et danser avant elle.
Qu'il les oublie toutes, ce soir et demain aussi.

L'horloge indique 19h03. Il peut attendre encore. Il doit attendre, pour que le sort fasse effet. Avant de sortir de sa voiture, 19h17, dernier coup de gloss sur son rouge. Ses lèvres sont plus grandes et pulpeuses que jamais. Lentement, elle marche vers le bistro, laisse ses talons annoncer sont passage, et appelant les hommes à se retourner. Elle sent une légère brise sur sous sa jupe trop courte. Elle sent surtout que tous les hommes qu'elle croise la désirent et frissonnent à la vue de ses grandes jambes qui se dirigent d'un pas sûr vers un autre homme. Jalousie.

Il craquera, c'est sûr.
L'espace d'une nuit il oubliera tout.